L’Espagne s’apprête à réglementer le cannabis médical, mais la proposition a suscité la controverse. Conçu par le ministère de la santé, le plan autoriserait le cannabis comme traitement de dernier recours pour certaines maladies graves. Toutefois, de nombreux experts et défenseurs des patients estiment que les restrictions sont trop strictes et qu’elles limitent l’accès à ceux qui pourraient en bénéficier.
Une approche stricte et limitée
Selon la réglementation proposée, seuls les patients souffrant d’affections spécifiques, telles que la sclérose en plaques, certaines formes d’épilepsie, les nausées induites par la chimiothérapie et les douleurs chroniques résistantes à d’autres traitements, pourraient bénéficier de l’usage du cannabis médical. Les critiques affirment que cette liste est trop étroite et qu’elle exclut de nombreux patients qui pourraient en bénéficier, comme ceux atteints de cancer, d’Alzheimer, de Parkinson ou de fibromyalgie.
Autre restriction majeure : les médicaments à base de cannabis ne seront disponibles que dans les pharmacies des hôpitaux, et non dans les pharmacies communautaires ordinaires. En outre, seuls les médecins spécialistes, et non les généralistes, seront autorisés à prescrire ces traitements. Si ces mesures visent à garantir un usage contrôlé, elles créent également des obstacles pour les patients, en particulier ceux des zones rurales qui peuvent avoir du mal à se rendre dans une pharmacie d’hôpital.
Préoccupations des groupes de défense des patients
De nombreuses associations de patients affirment que le plan rend l’accès inutilement difficile. Le fait d’exiger des prescriptions de spécialistes pourrait entraîner des temps d’attente plus longs et des retards dans le traitement, ce qui aggraverait les souffrances des patients souffrant de maladies chroniques. En outre, l’exclusion des médecins généralistes signifie que de nombreux patients pourraient devoir suivre un processus plus complexe et plus long pour obtenir du cannabis médical.
En retard par rapport à d’autres pays
Si la proposition de l’Espagne marque un progrès, surtout par rapport à l’absence de réglementation antérieure, elle reste beaucoup plus restrictive que les politiques d’autres pays. Les pays disposant de programmes de cannabis médical plus souples laissent aux médecins une plus grande latitude pour prescrire du cannabis pour un plus grand nombre d’affections. En revanche, l‘approche espagnole n’autorise l’utilisation du cannabis que lorsque toutes les autres options thérapeutiques ont échoué, ce qui, selon les critiques, limite injustement ses avantages potentiels.
Le rôle de l’influence politique et internationale
Le chemin de l’Espagne vers la régulation du cannabis médical a été lent, marqué par des années de débats politiques et de retards bureaucratiques. Le parti socialiste au pouvoir (PSOE) hésitait à aller de l’avant, en partie à cause des préoccupations passées de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant la valeur médicale du cannabis. Toutefois, après que l’OMS a revu sa position, le gouvernement espagnol a accepté en 2021 d’étudier la manière dont d’autres pays réglementent le cannabis médical. Cette étude a contribué à l’élaboration de la proposition actuelle, même si beaucoup pensent qu’elle n’est pas encore à la hauteur des besoins.
Trouver un équilibre
L’Espagne s’inspire de modèles internationaux pour élaborer un système qui concilie l’innovation médicale et des réglementations sanitaires strictes. Bien que la proposition actuelle soit un pas en avant, les défenseurs des patients et les experts affirment qu’une plus grande flexibilité est nécessaire. Au fur et à mesure que la recherche médicale évolue, l’Espagne pourrait être amenée à adapter ses politiques afin que les patients puissent bénéficier de tous les avantages du cannabis médical sans obstacles inutiles.